Alzheimer : des microdoses de lithium aideraient à freiner sa progression
Administré à très petites doses, le lithium pourrait aider à freiner la progression de la maladie d’Alzheimer, à en croire une nouvelle étude. Jusqu’alors, le lithium dans cette indication était controversé du fait de ses effets indésirables.
Alors qu’il est utilisé depuis des décennies dans le traitement des troubles bipolaires, des troubles de l’humeur ou encore des troubles du sommeil, le lithium est jusqu’ici resté à l’écart de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer.
En cause, ses effets indésirables considérés comme trop importants, en particulier chez les personnes âgées.
Dans une nouvelle étude parue dans le Journal of Alzheimer’s Disease, des chercheurs rapportent cependant avoir observé des bénéfices non négligeables du lithium contre cette forme de démence, lorsque administré à très faibles doses, dans une formulation facilitant son acheminement jusqu’au cerveau. A des taux jusqu’à 400 fois inférieurs à ceux prescrits pour les troubles de l’humeur, le lithium pourrait à la fois stopper les signes avancés de la maladie et permettre de récupérer les capacités cognitives perdues.
Après avoir d’abord testé sur des rats la formulation classique du lithium à des taux similaires à ceux prescrits en cas de troubles de l’humeur, et constaté l’importance des effets indésirables, l’équipe de recherche s’est intéressée à une autre formulation du minéral. Celle-ci avait été testée avec succès chez des souris atteintes de la maladie de Huntington.
“Des microdoses de lithium à des concentrations des centaines de fois inférieures à celles appliquées dans la prise en charge des troubles de l’humeur ont été administrées aux premiers stades de la pathologie chez un rat transgénique de type Alzheimer”, détaille ainsi le Dr Cuello, coauteur de cette nouvelle étude. Ce rat créé en laboratoire développe des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer, et notamment une accumulation progressive de plaques amyloïdes dans le cerveau, un des principaux signes biologiques de la maladie. “Ces résultats ont été remarquablement positifs et ont été publiés en 2017 dans la revue Translational Psychiatry et ils nous ont poussés à continuer à travailler avec cette approche sur la pathologie à un stade plus avancé”, précise le chercheur.
Encouragés par ces premiers résultats, les scientifiques ont alors décidé d’appliquer la même formulation de lithium à un rat chez qui la maladie d’Alzheimer était rendue à un stade plus sévère. Et là encore, ils ont constaté des améliorations au niveau des capacités cognitives, alors même que celles-ci étaient clairement sur le déclin du fait de l’avancée de la maladie.
“D’un point de vue pratique, nos résultats montrent que les microdoses de lithium dans des formulations telles que celle que nous avons utilisées, qui facilitent le passage au cerveau à travers la barrière hémato-encéphalique tout en minimisant les niveaux de lithium dans le sang, épargnant les individus d’effets indésirables, devrait trouver des applications thérapeutiques immédiates”, estime le Dr Cuello. “Bien qu’il soit peu probable qu’un médicament supprime les lésions cérébrales irréversibles aux stades cliniques de la maladie d’Alzheimer, il est très probable qu’un traitement par microdoses de lithium encapsulé puisse avoir des effets bénéfiques tangibles aux stades précliniques précoces de la maladie”, ajoute-t-il. Le chercheur espère trouver des partenaires industriels pour mener à bien des essais cliniques, pourquoi pas auprès de populations génétiquement prédisposées à la maladie.
Source : Eurekalert